La femme est le phallus de l’homme

Quelle mouche pique ces hommes qui se lient d’amour  pour une femme bien plus jeune qu’eux ?

 

L’on parle de démon de midi, une bouffée de renouveau aux parfums d’enfance ou d’adolescence. La sexualité s’y exprime comme aux premiers âges de l’amour, jusqu’à suivre la partenaire dans ses pulsions et délires de jeunesse, au prix parfois d’y user sa santé.

 

La psychanalyse freudienne postule l’enfant comme le phallus de la femme, son élan vital. Mais la femme n’est-elle pas le phallus de l’homme quand elle démontre une fois conquise l’état intact de la  virilité masculine de son partenaire  et porte ainsi défi aux années qui passent ? L’homme s’enorgueillit alors d’un pouvoir de séduction sans accroc et conjure l’angoisse naissante du déclin. Mais au delà de cette puissance virile recouvrée, Jacques André parle du fantasme d’une femme créée,  prolongeant la réflexion de Freud sur  « le goût des habiles séducteurs pour les jeunes femmes incultes ». Il ajoute : « ce que [tel patient] aime dans ses jeunes conquêtes est leur malléabilité, leur disponibilité à venir occuper la place que le fantasme de l’homme leur désigne, ce sentiment qu’elles ont tout à apprendre… de lui. On songe au rêve incestueux d’un père initiant sa fille à la sexualité. L’excitation quasi générique provoquée chez les hommes par les jeunes filles tout juste en fleur s’alimente à un fantasme de démiurge : éveiller, donner naissance à la vie sexuelle, sinon à la vie tout court. Derrière la figure du père, l’identification à la mère, à celle qui a séduit et créé en tout bien tout honneur. »

 

Prenons le cas d’école d’un patient fictif inspiré de la réalité qui vient consulter un confrère  parce qu’il a des angoisses et des idées noires. Son histoire est marquée par deux événements forts et dont il semble ne vouloir se remettre qu’en en reproduisant les traits majeurs une troisième fois. A deux reprises, il est tombé amoureux d’une femme dont il était de trente ans l’aîné. Son ascendant intellectuel et son assise sociale forçaient l’admiration de ces jeunes femmes. La séduction opérait sur un autre terrain que le physique d’un homme au visage de père vieillissant.

 

Après une première période de vie commune et de sexualité consommée, l’homme proposait à ses partenaires de les adopter. Ainsi, au-delà d’être celui par lequel elles accédaient à la sensualité et à la connaissance,  il s’instituait démiurge en les inscrivant dans la filiation. Éveiller à la sexualité, à la connaissance et à la vie tout court trouvait ici son vecteur en une seule personne dont le fantasme d’engendrement se déployait pleinement. Ces femmes, orphelines, trouvaient ici un père qui occupait également  la place des  successeurs, ceux auxquels la vie donne accès dès lors que la séparation d’avec les origines est consommée, seul moyen qui conduit à l’altérité.  Et l’homme gagnait la place du père et de la mère, omnipotence fantasmée de l’enfance et appropriation de l’enfant-phallus que la nature réserve à la mère, exclusivement.

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