Coaching ou thérapie ?

Le mot coaching prend racine dans la notion d’entraînement sportif – coach -, tandis que la psychothérapie désigne le traitement d’une « maladie mentale, une inadaptation ou un trouble psychosomatique » (Larousse). D’un coté, la personne est bien portante et souhaite améliorer une performance, et de l’autre, elle souffre d’un mal qu’elle ne parvient pas guérir par elle-même.

ICF * et SF coaching *, les deux principales associations  françaises de coaching, condamnent toute visée thérapeutique du métier. Elles prônent l’exercice de la profession en direction de la performance au travail : « Le coaching est l’accompagnement d’une personne à partir de ses besoins professionnels pour le développement de son potentiel et de son savoir-faire » (Société Française de Coaching).

Pour autant, les personnes qui sollicitent un coach sont-elles toujours bien portantes et dans l’unique préoccupation  d’améliorer leurs performances professionnelles ? Ne rencontrent-elles pas aussi des difficultés qui peuvent les décourager, voire porter atteinte à leur santé ?

Parmi les demandes les plus fréquentes, il y a celle de gagner ou retrouver la confiance en soi. Mais n’est-ce pas, par excellence, une question à la frontière de la thérapie et du coaching ? Peut-on faire l’impasse d’une investigation personnelle lorsque l’on touche à cette question là ?

Prenons deux exemples.

Marc souffre d’une mauvaise image de soi. Se regarder dans une glace est un supplice. Il condamne ceux qui le prennent en photo et récuse les compliments sur son physique. Dans sa vie affective, il est convaincu de ne pas être aimable et n’a pas encore vécu de relation amoureuse stable et satisfaisante. Il aime son travail et de temps à autre discute avec Michel, un collègue. Mais il ne le fréquente pas en dehors de l’entreprise. Il dit ne pas avoir d’ami.

 

Xavier travaille dans une grande entreprise d’assurance. Il est marié et sans enfant. Depuis trois mois, il occupe un poste de manager de projet. Ingénieur de formation, il n’a jusqu’à présent jamais dirigé d’équipe. Tous les matins, il se lève avec une boule au ventre et dit qu’il n’a pas bien dormi. Il a le sentiment de ne pas être à la hauteur de sa mission et est sur le point de renoncer.  C’est la première fois qu’il ressent une telle pression malgré sa longue expérience. « Heureusement, se dit-il, mes amis sont présents et ma femme me soutient dans cette épreuve. »

 

Dans l’un et l’autre de ces exemples, la personne est confrontée à des difficultés importantes. Marc ne semble pas connaître de véritables problèmes au travail, même s’il est effacé et n’a que peu de relation avec ses pairs. Cependant, il souffre d’une  mauvaise image se soi qui l’empêche d’avoir une vie affective et sociale satisfaisante. A l’inverse, Xavier ne se sent pas à la hauteur de la tâche bien qu’entouré et aimé. Il manque de confiance en lui pour accéder avec sérénité à l’exercice de ses nouvelles fonctions.  Ses troubles l’empêchent de dormir et il est stressé.

 

Que remarque t-on à la lumière de ces deux cas ? D’une part, il serait hasardeux de statuer avec rigueur qui de Marc ou de Xavier souffre le plus.  Convenons qu’il s’agit là de troubles bien spécifiques sans tenter d’en mesurer l’intensité singulière.

 

D’autre part, la sphère professionnelle peut être génératrice de souffrances importantes. En cela, les nombreux suicides en entreprise pointent du doigt la relation entre certains contextes de travail et le mal être, quoi qu’en disent les chantres de l’hygiénisme.

 

Considérons les éléments permettant de circonscrire les troubles de ces deux personnes. Si Xavier souffre au travail, cela est récent et ne l’empêche pas d’avoir une vie personnelle et sociale satisfaisante. Ses difficultés sont relativement circonscrites et c’est la crainte de ne pas atteindre ses objectifs qui le tourmente. Le sujet est ici la performance et le manque de confiance en soi pour y parvenir. C’est le domaine de l’agir qui est plus particulièrement concerné.

 

En  revanche, les difficultés de Marc rejaillissent tout à la fois dans sa vie personnelle et professionnelle. Il ne parvient pas à construire une relation à deux, n’a pas d’ami, et ses relations au travail sont presque inexistantes. Il souffre d’une mauvaise image de soi et ne s’aime pas.  C’est en premier lieu  l’être qui est touché.

 

Précisons ce que l’on entent ici pas l’agir et l’être, et pour ce faire, déclinons les trois composantes de l’estime de soi.

 

 

La psychologie contemporaine distingue trois piliers de l’estime : l’image de soi, l’amour de soi et la confiance en soi.

L’image de soi est la capacité à se percevoir tel que l’on est, avec ses atouts et ses limites. L’améliorer consiste à dévoiler les projections parentales  – tu seras médecin mon fils –  et à reconnaître les champs d’action dans lesquels on désire et peut agir.

L’amour de soi est l’aptitude à s’aimer, à se respecter inconditionnellement, malgré ses limites et ses échecs.  La forme d’amour reçue dans l’enfance  étaye celui que l’on se donne par la suite. L’essentiel du travail consiste à mieux discerner l’amour conditionnel – je t’aimerais si tu travailles bien à l’école – de l’amour inconditionnel – quoi que tu fasses, tu es aimé –.

Enfin, la confiance en soi est la possibilité d’agir et de se reconnaître dans ce que l‘on fait. Elle prend sa source dans la juste appréciation des actions  de l’enfant et se gagne par l’action elle-même, et par l’aisance à se féliciter et à faire le bilan de ses réussites et de ses échecs..

Ainsi, le coaching tient son juste rôle dans ce troisième pilier. Très concret dans son approche, il exerce la personne à reconnaître avec justesse ses actes et à en tirer le meilleur enseignement pour agir. La personne, déjà en mouvement, non tétanisée à l’idée de faire, est invitée à trouver de nouvelles ressources d’actions.

 

Ce travail n’est donc possible que dans un mouvement initié dès l’abord. L’agir n’est pas condamné, même s’il est parfois difficile. «  Être malade, c’est être incapable de jouir et d’agir » écrivait Freud. Telle est la limite que respecte le coaching dans ses applications. Pour le reste, c’est au psychothérapeute d’intervenir.

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