Faveurs aux talons aiguilles

Dans une étude récente, Nicolas Guéguen, chercheur en sciences du comportement à l’université de Bretagne-Sud, avance que les femmes aux talons hauts attirent deux fois plus les hommes que les autres.

L’hypothèse qu’il retient est que les talons aiguilles font partie intégrante des représentations de la femme fatale et sexuelle. Cependant, cet état de fait n’en dit pas plus sur le pourquoi de la chose. Pourquoi une femme serait-elle plus fatale avec des talons aiguilles qu’avec des chaussures plates ou des tongues ?

 

Dès ses Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Freud évoque la perversion comme un élément constitutif de la sexualité humaine.  Tout être humain, à commencer par le tout petit enfant, aurait inscrit en lui le cheminement nécessaire d’une perversion ordinaire sans pour autant se ranger parmi la frange très minoritaire des pervers constitués.

 

Dans la sexualité adulte, l’on observe certains traits archaïques de la perversion polymorphe du petit enfant : une sexualité non génitale – c’est à dire non centrée sur le coït – telle que les préliminaires, jeux sexuels divers… ; la fixation sur des parcelles du corps de l’objet désiré – le sein, les jambes…- ; le corps de l’autre comme un objet utilitaire et sans charge affective.

 

L’interrogation, au stade phallique – c’est à dire vers l’âge de trois ans -, de la présence ou non du pénis chez la mère est centrale dans l’étape de développement. Pour le pervers adulte, la question est tranchée : la femme a le pénis. En effet, il nie la castration et constitue la preuve de l’existence de l’organe pénien par le moyen du fétiche. Ainsi, une jupe devient l’objet annonciateur du phallus, comme une parcelle de vêtement ou… une chaussure. Ainsi le  fétiche est un ersatz du pénis manquant à la femme : « La vénération du pied féminin et de la chaussure prend le pied comme symbole du membre jadis manquant de la femme » dira Freud.

 

Et quoi de plus fidèle à la représentation du phallus qu’une chaussure à talon haut, qui plus est de la dimension d’un pénis en érection.

 

Mais alors, les hommes qui aiment les femmes aux longs talons, c’est à dire le plus grand nombre d’après l’étude, seraient tous des pervers ? Si l’angoisse de castration – la peur de perdre son phallus – habite les hommes de tous les âges, cela n’en fait pas pour autant des pervers. Le fétichisme est une composante normale de la sexualité dès lors qu’il ne fait pas l’objet d’une fixation. Si le pied et la chaussure sont vénérés plus que tout, c’est qu’ils laissent supposer, dans le fantasme de l’adulte, que le rêve de l’enfant croyant sa mère à l’image du père est encore vivant bien qu’inconscient. Les fantasmes ont la couleur de l’enfance et sont plus tenaces que le plus élaboré des raisonnements.

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